Textes

Véronique Baud – Paris Normandie, 27 avril 2018.

Philippe Bernard-Michel – Metz cité balnéaire ? L’Ami hebdo, édition de Metz, 11 mars 2001.

Eric Blanchegorge – Le musée comme paysage, préface à l’exposition de dessins au musée Antoine Vivenel à Compiègne, avril-mai-juin 2008.

Laurent Boudier – Le Petit Journal de Télérama n° 309, novembre 1985.

François Bourgeois – présentation de l’exposition à l’I.U.F.M. de Beauvais, 24 novembre 2003.

Michael Brenson – The New-York Times, 3 juin 1988.

Ivar Ch’Vavar – revue In’Hui n° 10, hiver 1979.

Pascal CorpartLe Parisien-l’Oise Matin, dimanche 5 décembre 2004.

Jacques Darraspoème-préface daté du 7 avril 1981 pour une exposition à la galerie Philippe Frégnac à Paris.

Jean-Philippe DomecqLa réserve du monde, préface à l’exposition à l’Arsenal de Metz, février-mars 2001.

Claude Engelbach – présentation de l’exposition à la Maison de la Culture d’Amiens en mai-juin 1979 (1ère exposition personnelle de D.L.).

Josette Galiègue – introduction à l’exposition au Musée départemental de l’Oise du 26 novembre 2004 au 15 février 2005.

Jeanne GatardLe Temps du regard, Hôpital Paul Brousse à Villejuif.

Gérard Gamand – Les paysages silencieux de D. L., AZART n° 12, janvier-février 2005.

Michael Gibson – International Herald Tribune, 15-16 mars 1980.

Lydia HarambourgLa Gazette de l’Hôtel Drouot, 5 novembre 2004 et 1er juillet 2016.

Vianney Lacombe Paysages, Kanal Magazine, juin-juillet 1989.

Odile Le Bihan – 7 hebdomagazine, supplément du Républicain Lorrain, dimanche 11 février 2001.

Paul Leboeuf – Les silences blancs de D. L. L’Est Républicain du 3 février 2001.

François LegendrePlaine et bord de mer, préface pour l’exposition à l’Université de Picardie-Jules Verne, Amiens, 1999. – Le visible par défaut, sur le site internet Musée Critique de la Sorbonne.

Philippe Legrand – Les plaines célestes, poèmes pour la plaquette de l’exposition à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans, juillet-août 2006.

Anne Maillard – préface au catalogue de l’exposition au musée Bossuet à Meaux, mai-septembre 2011.

Paul Mayer – préface au catalogue de l’exposition à la Bibliothèque Universitaire, Amiens, janvier 1993.

Elisabeth Paillié – présentation de l’exposition à Sainte Marguerite-sur-Mer, juillet 2009.

Luis Porquetcompte rendu de l’exposition au Château de Vascoeuil, 2018.

Jean-Louis Pradel – magazine Maintenant n° 10, 14 mai 1979.

Pierre Rappo – Le Courrier Picard, 9 mai 1979, 26 mars 1980, 30 novembre 1983, 12 février 1986.

Henri Raynal – Arts-PTT, mars 1987, juin 1989, On va arriver à la mer, avril 1991, ce dernier texte a été repris dans La double origine, journal de bord d’un voyage en peinture, éditions galerie Michèle Heyraud, 1996 ; 1999 ; l’étendue dans la peinture de Daniel Levigoureux, 2018.

 Yak Rivais – Les Cahiers de la peinture n° 125, décembre 1981.

Jennifer Siegal – French water, The New Fillmore, San Francisco, août 1999.

Jean-Loup Trassardpréface pour l’exposition à la galerie Philippe Frégnac à Paris en 1983.

Michel Viollat – Le Courrier Picard, 26 novembre 2004.

Kenneth WhiteUne sensation lointaine, préface pour la première exposition personnelle à la galerie Philippe Frégnac à Paris, mars 1980.

Catalogues

Textes personnels

L’air du dehors

La peinture, voilà à quoi j’aspire ! J’ai commencé par l’Art Abstrait. Entre 20 et 30 ans, j’étais convaincu qu’il fallait suivre la voie vers une sorte d’Absolu, après Mondrian, après Barnett Newman. Mais que faire au delà d’une telle perfection ? Vers 1973-74, oser prendre l’air du dehors en sortant d’essais de plus en plus minimalistes, m’a apporté la liberté de retrouver ce pouvoir magique du dessin : représenter le monde ! Je me suis mis à parcourir les routes, l’œil à l’affût, dans le seul but de poursuivre l’exercice du dessin, et d’y trouver de la peinture, ma peinture.

La lumière n’est-elle pas un miracle, chaque matin recommencé ? Face « au vide » du ciel, de l’air, de la mer, je tente ce difficile accord entre l’étonnement toujours renouvelé devant le réel, et le vocabulaire issu de l’Abstraction. Authenticité du regard. Moyens aussi simples et purs que possible. Pas d’anecdote ! A la fois la justesse de formes organisées et la musique des couleurs. J’essaie de construire picturalement, j’assemble horizontales et verticales, grandes et petites surfaces, j’ajuste les interactions précises entre couleurs voisines, les saturations en contraste.

Les sujets les plus ordinaires me suffisent : quelle est donc leur énigme ? Horizontalité radicale de la plaine ; géométrie des stations balnéaires désertées en hiver ; banalité des  façades neutres, juste offertes à la lumière ; démesure des grues et des cargos ; ellipse de la neige… Après l’Abstraction, c’est davantage la littérature qui m’a donné la clef. Francis Ponge : « En somme voici le point important : PARTI PRIS DES CHOSES égale COMPTE TENU DES MOTS ». Mon essai dure toujours : PARTI PRIS DU DEHORS égale COMPTE TENU DES FORMES ET DES COULEURS.

Daniel Levigoureux, fin août 2010

Préface pour le catalogue de la Maison Henri IV à  Saint-Valery-en-Caux

Paysage éphémère, Paysage pérenne

Le motif

Je ne prends pas de sujet grandiose ou chatoyant. Je revendique que le sujet soit ordinaire, banal, quotidien. D’une façon très prosaïque, je m’arrête là où il est possible, et prudent, de me garer (en moyenne montagne, quand le chasse-neige est passé, des murailles blanches se dressent  au bord de la route, il existe très peu d’endroits pour stationner !). Je travaille « sur le motif ». Sans en avoir l’air ! A l’écoute de ce qui s’offre au regard – et que beaucoup de gens trouveraient sans intérêt. Je n’ai aucune idée préconçue d’une interprétation qui serait personnelle. Il ne s’agit pas d’émouvoir ou d’étonner : simplement dire. Avec le minimum de moyens.  Me contenter de regarder. Vraiment regarder. J’ai beau aller « sur le motif », j’ignore si je capte l’« éphémère » ?  Seulement du Dessin, ou bien seulement de la Couleur. J’aime cette tradition là !

Ou bien Couleur seulement

Couleur seulement si le réel est avant tout constitué de multiples interactions entre couleurs… je me veux plutôt constructeur d’une peinture qui soit organisée ; la géométrie ne me fait pas peur, je suis issu de la construction « abstraite » de la peinture. Cette tradition, je la revendique à égalité avec la tradition « sur le motif » : comprendre, le crayon à la main. La rencontre des deux : faire tenir ensemble l’attention au réel et la construction de la peinture ! Bien sûr, il s’agit de faire de la peinture. Disons : une construction pérenne. Pour employer de grands mots : au delà de Mondrian, tenter de faire aussi solide qu’une peinture de Piero della Francesca. Il ne s’agit pas « de la ramener » avec des excès de type expressionniste. Pas de flouté, pas de bigarrure, pas de déformation, pas de matière picturale, pas de gestes, pas de traits… Atteindre un style aussi effacé que possible. Evoquer beaucoup en montrant peu. Parce que dire peu, c’est dire l’essentiel. Eloge de la fadeur (1).

Ou bien Dessin seulement

Dessin seulement si le réel est d’abord graphique, linéaire : le « vide » du papier, l’économie du graphite ou de la pierre noire ; jamais en faire trop, jamais dépasser le seuil de la simple suggestion. Le banal, le familier – les champs ordinaires, les maisons de tous les jours – ne sont-ils pas sans cesse inconnus ? Non vus ? Inouïs ! En dessin, tâcher que l’essentiel soit laissé au blanc de la page !

L’inquiétante étrangeté

Pourquoi donc suis-je attiré par les immensités du paysage ? Bien sûr, pour le plaisir de parcourir ces vastes étendues ! Après le plateau picard ou le Santerre : la Beauce ; en hiver, à marée basse, les plages du Nord ; auxquelles s’ajoutent depuis quelques années le thème du crépuscule, ce moment étrange de la pénombre juste avant la nuit… Aux marges de la vision, l’insaisissable, le presque pas visible… Il est vrai qu’il m’est arrivé qu’on évoque de Chirico à propos de mes architectures. A quoi je réponds qu’il n’est pas besoin d’une horloge sans ses aiguilles ou d’un régime de bananes géant posé au milieu de la place du village, pour atteindre l’inquiétante étrangeté (2) du réel ordinaire… Tel est sans doute l’aspect « Spilliaert » auquel je n’avais pas pensé ?

Daniel Levigoureux, le 12 juin 2011

Extraits d’un texte rédigé pour La Galerie 3 A en vue de l’exposition collective au Collège Jacques Cartier à Chauny (Aisne) sur le thème Paysage éphémère, paysage pérenne.

 

(1) « Eloge de la fadeur », il me plaît bien ce titre de François Jullien à propos de la pensée et de la peinture chinoise, et en particulier de Ni Tsan, le plus grand peintre… parce que le plus « fade ». Editions Philippe Picquier, 1991.

(2) Ainsi Xavier Tricot débute son ouvrage par cette référence à un livre de Sigmund Freud. Xavier Tricot : Léon Spilliaert, les années 1900-1915, édition Petraco-Pandora, Snoeck-Ducaju & Zoon, Gent, 1996.

Note d’entretien (extraits)

Le réel : toujours inconnu ! Le dessin recommencé, encore et encore, expérience stimulante, fécondatrice… Seul le dessin permet de voir.

L’événement est la lumière, de nouveau là ce matin, sa présence – par la couleur – la lumière révélant le dehors ordinaire de ce nouveau jour. Et toujours tellement extra-ordinaire ! Primordiale, l’immensité de l’étendue devant mes yeux. C’est cette immensité qui déclenche l’exercice du dessin et des couleurs. Rejet de l’originalité. Honnêteté, simplicité. Simplifier, synthétiser. La peinture contre l’anecdote, c’est-à-dire contre l’aspect illustratif ou narratif. Peindre la presque absence d’objet sans pour autant devenir abstrait. Solution : l’adéquation entre les apparences et la matérialité de la peinture ou du dessin. Exemple : la neige = le papier blanc. Et soudain l’écriture des poteaux devenus évidents parce qu’il a neigé cette nuit.
­ L’ellipse. Pas seulement les signes peints, mais la suggestion par les manques. Comme l’importance du silence en musique. Pas de détails inutiles. Ne pas trop dire. Arriver à une épure – qui laisse ouverte la suggestion. Expérience de la Beauce : peindre quand il n’y a rien à voir… Façades en bord de mer déserté en hiver. Un mystère, je ne sais ? C’est face au « vide » que s’ajuste un minimum de formes géométriques. Je n’ai pas peur de la rigueur ! Plaisir de l’équilibre de quelques surfaces et de quelques couleurs « abstraites ». Un plaisir de la suspension des détails. Parvenir à une juste épure.
­  Une feuille de papier me suffit, je n’ai pas beaucoup de matériel, quelques pinceaux, quelques tubes. Disons qu’en 40 années, mon évolution aura été de passer du crayon HB au crayon 3B ! En peinture, je ne revendique pas un grand savoir faire. Mon maître en couleur est plutôt Josef Albers : placer un aplat de couleur contre un aplat d’une autre couleur et être étonné comme un enfant par l’interaction qui se produit ! La peinture acrylique me suffit. (La peinture à l’huile est la technique superbe et idéale si l’on manie les glacis successifs – disons le métier de Rubens… Pourquoi l’utiliser encore si l’on pose des aplats souvent en une ou deux couches ?)  L’acrylique permet de recouvrir aisément ; dans la camionnette on peut empiler les toiles en chantier, à l’huile ce ne serait pas possible…

Pas de figure humaine parce que c’est le spectateur qui constitue l’humain : 1) moi qui contemple l’étendue, et puis 2) le spectateur qui est invité à son tour à contempler le tableau.

Daniel Levigoureux

Note d’entretien préparatoire à l’exposition personnelle à l’Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc, 2013

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